En remplissant un formulaire, j'ai lu la question suivante :
"Si un ange venait vous proposer l'immortalité, que lui répondriez-vous ?"
Ma réponse a été celle-ci :
"Non merci ! A quoi bon vivre plus longtemps que ce que le corps ou l'esprit ne pourront supporter d'années ? Mon espérance de vie me semble suffisante pour faire plein de choses ! Je demande quand même qu'au minimum on me laisse élever mes enfants jusqu'à ce qu'ils n'aient plus du tout besoin de moi... et si je peux voir grandir des petits-enfants, profiter d'un peu de retraite, se serait sympa aussi :-) "
Quand on n'a vu rien qu'une fois un film qui met en avant le fait qu'un être doté d'immortalité serait éternellement torturé par le fait que ses proches meurent mais que lui reste, on ne veut pas d'immortalité !
Sur ce point, je n'ai rien à ajouter pour l'instant.
Mais j'ai en tête ceci :
- le vieillissement des membres de ma famille
- la peur de ma propre agonie
- le fait que certains peuples sur la terre trouvent normal que les personnes qui sentent que leur fin est proche, s'éclipsent de la communauté pour ne pas obliger les autres à prendre cette décision pour eux
- l'euthanasie :
* les lois naturelles et celles des hommes nous interdisent de tuer notre prochain
* mais il n'y a rien qui accorde une tolérance à l'euthanasie (attention : je pense que faire l'éloge de la vie, c'est une évidence !)
Et je me demande :
- Pourquoi y'a-t-il des sortes de sanctions si une personne souhaite mettre un terme à sa vie (problèmes pour les héritiers, problèmes moraux...) ?
- Pourquoi n'y-a-t-il aucune aide ni aucun accompagnement à la personne et à son entourage proche pour que ça se passe dans l'acceptation d'une délivrance et avec le moins de douleurs possibles (combien de suicides... "ratés" ?), qu'elles soient morales ou physiques.
On abat bien les chevaux ! Et les animaux qui souffrent, ceux qui sont si vieux qu'ils ne sont plus capables de se lever et qui dépriment !
Les animaux ont finalement droit à plus d'égard que l'homme en fin de vie ? On ne les laissent pas souffrir : une piqûre par le vétérinaire et c'est fini.
Les animaux sentent si leur état n'est que passager et s'il leur suffit de patienter un peu en attendant d'aller mieux. Ils sentent aussi quand leur fin est proche.
En fonction, ils se déterminent soit à guérir, soit à se laisser mourir (souvent de faim et d'isolement).
Je n'ai jamais encore ressenti ce genre de chose, mais peut-être que cela m'arrivera en fin de vie : de me sentir au bout du rouleau !
Ne serai-je alors pas capable de juger de mon état et de savoir décider si c'est mon tour ou pas ?
Les animaux le ressentent. Pourquoi est-ce que ça ne me serait pas possible aussi ?
Je n'ai aucune envie de "mal" finir.
Est-ce à cause de raisons financières qu'on ne permet pas l'euthanasie ? Parce que, la morale malheureusement, je pense que certains peuvent la faire passer après leurs bénéfices.
Assistance médicale lourde mise à part, je pense qu'il y a des intérêts en jeu pour "conserver" les personnes le plus longtemps possible en vie, et je ne pense pas qu'aux maisons de retraites... Je pense aussi à tout ce qu'une personne consomme. Si on vit plus longtemps, on achète plus longtemps et ça fait tourner le commerce ! Et on paie plus longtemps : factures, impôts, soins, etc.
J'aimerai que, sans me donner envie de m'y précipiter, les maisons de retraites soient des endroits qui ne me rebutent pas. Car les habitations, les appartements, sont trop petits pour s'imposer en fin de vie chez nos enfants ou autres personnes. Je ne souhaite pas être une charge pour mes enfants ou ma famille, ni physiquement, ni moralement, ni financièrement ! J'aimerai me faire l'idée suivante des maisons de retraite : ça ressemblera à une colonie de vacances ! Quand j'y serai, il y aura des personnes qui nous occuperont non seulement à manger, boire, se laver et s'habiller, mais aussi à continuer de découvrir plein de choses : jeux de sociétés, lectures à thèmes, débat à thèmes suite à la projection d'un documentaire ou d'un film, avec production d'un journal mensuel sur les activités, et un blog ^_^ etc... Je sais que ça se fait, mais uniquement avec ceux qui ont encore un peu leur tête...
C'est donc bien qu'une fois passé un certain cap... même le personnel employé sait que la personne est déjà "partie", qu'il n'y a plus personne à l'intérieur... Mais là, c'est trop tard pour faire le choix ! Puisqu'on n'est plus conscient. Et qui dans l'entourage va prendre la décision de mettre un terme à la vie d'un proche dans cette situation s'il n'y a pas plus de problème de santé qu'une perte d'autonomie, de mémoire, de présence, de reconnaissance de l'entourage, de repères temporels, de l'utilité et de l'usage des objets les plus simples et les plus fréquemment utilisés au quotidien, avec même une incapacité à se plaindre du manque de visite, etc... J'ai vu ce cas-là dans ma famille proche. La personne allait bien, mais elle n'était plus là... Environ 8 années se sont passées comme ça. Et je me disais : je ne veux pas que ça m'arrive.
Je ne veux pas faire vivre ça à mes enfants. Je veux leur dire "à Dieu" avant ça, mais pas trop tôt non plus. Je veux simplement vivre le plus longtemps possible dans la limite de ma propre espérance de vie, pas plus... Ni moins ? J'aimerai très franchement, selon les circonstances, être assurée qu'on me permettrai de choisir si je devais être amenée à me poser la question. Ce n'est pas dans mon tempéramment de baisser les bras, mais je sais bien qu'il se pourrait que je me retrouve un jour dans un état pour lequel il n'y aurait pas d'amélioration possible, ni d'apaisement possible, ni espoir. "Vivre et rester debout", c'est ancré au plus profond de moi, mais peut-être que la vie me fera toucher du doigt les limites de cette conviction qui me pousse à penser qu'il y a forcément : après la pluie, le beau temps.
Il ne m'appartient pas de juger du choix de ceux qui veulent mettre un terme à leur existence, je ne vis pas leurs tourbillons intérieurs ni aucune de leurs souffrances : ni morales, ni physiques.
Je comprend seulement qu'on puisse être dans un tel état de fatigue morale et physique, qu'on souhaite y mettre un terme par la mort.
J'ai envie de dire que même le Petit Prince est allé à la rencontre du serpent alors qu'il n'avait pas de problème physique. On ne vit pas dans la tête ni dans le corps des autres. Alors on ne devrait pas les juger s'ils pensent à une issue aussi grave. Vous craignez l'abus ? Vous pensez vraiment que beaucoup de gens se suicideraient si l'euthanasie était autorisée ? O_o... Et pourquoi ? Ca vous viendrait à l'idée d'en finir avant la fin si vous n'êtes pas au bout du rouleau ? Moi, pas. Si l'euthanasie est autorisée, ça ne changera rien sur ma volonté de vivre.
Mais si je suis moi-même au bout du rouleau, j'espère qu'on m'aidera à décider du moment, de la façon dont ça se fera...
On prépare bien les baptêmes, les communions, les mariages, les départs en retraites, les anniversaires de noces toutes les dizaines atteintes, etc... ! Pourquoi ne ferait donc pas une super fête à la fin ? Ou juste une réunion avec les personnes proches si on a eu la chance d'y arriver, si on a eu la chance d'éviter les accidents de la vie qui font partir les gens trop tôt ?
A ce propos, comme ce n'est pas dans les moeurs d'aujourd'hui, j'ai moi aussi des difficultés à imaginer faire la fête pour dire : "Adieu tout le monde, j'ai assez vécu, je décide que je dois partir pour de bon... aujourd'hui même !"... Gloups...
Mais ça me rappelle la fin d'un film.
Ce film, je l'ai vu une quinzaine de fois après l'avoir découvert, tellement il m'a dérangé dans ma tête, mon coeur, mes tripes. Je l'ai trouvé horrible, affreux, ignoble, détestable... et en même temps très bien fait. Ce film, c'est "Soleil Vert". Un monde... dans lequel personne ne voudrait vivre : la planète ne possède plus le moindre brin d'herbe, il n'y a donc plus d'animaux, plus de fruits, plus de légumes... l'eau : elle manque rudement et est bien évidemment polluée et rare. L'air y est irrespirable car les effets de serre font qu'il fait trop chaud et que comme l'eau est rare... on ne lave plus rien... les détritus s'entassent partout, ça pue... tout le monde est désoeuvré... les maladies : je ne vous dis pas... seuls quelques vermines s'adaptent vraiment. Je passe sur l'histoire, mon but n'est pas de raconter le film. Je veux juste dire qu'à la fin, un des personnages principaux, un vieil homme, décide d'aller dans un endroit qui ressemble à une clinique pour en finir avec sa vie. Je fais exprès abstraction de l'ambiance du film pour raconter le reste (parce qu'il est bien noir le film, quand même !). Ce qu'il m'intéresse de raconter de cette partie du film, c'est la façon dont on traite le vieil homme. L'accueil : tout est propre, le personnel souriant, il est aux petits soins dès son arrivée. Il est accompagné dans une pièce genre salle d'opération. On l'installe sur une sorte de lit. Le décor : il satisfait le vieil homme. On lui fait écouter sa musique préférée. On lui donne à boire un poison au goût agréable qui le tuera sans douleur après qu'il aura terminé de visionner un documentaire sur écran géant lui montrant des images de la Terre proches de la féérie ; des images telles qu'on pourrait en voir dans l'émission Ushuaia Nature ! Imaginez le contraste pour le vieil homme dans son sombre quotidien, et son extase au moment de sa fin !... Le film est horrible, je préviens ceux qui voudraient chercher à le visionner. J'ai exprès extrait uniquement ce qui me semble intéressant dans ce passage pour en arriver à dire ce que je pense. J'aimerai qu'en fin de vie, j'ai, comme ce vieil homme, la liberté de décider d'en finir, de la même façon que les vieux éléphants se dirigent vers leur cimetière pour s'y laisser mourrir. J'aimerai me sentir encore suffisament bien physiquement pour apprécier les petits soins du dernier instant. J'aimerai que mon entourage proche ne soit pas chagriné par ma décision, je ne voudrai pas en être préoccupée. Et j'aimerai avoir ce même regard émerveillé, et cette même sérénité au moment d'expirer mon dernier souffle. Je ne sais pas imaginer comment une chose pareille pourrait être possible, mais ce film est intéressant au moins pour cette partie-là. Je sais, c'est horrible. Mais je pense que ce n'est qu'une question d'éducation qui fait que cette idée est rebutable et outrageuse. Il n'y a pas tellement d'années que cela que beaucoup de choses aujourd'hui considérées "normales" étaient "choquantes" : divorce, pillule, préservatifs, PACS hétéro, clonnage, manipulations génétiques, OGM, cultures sans terre, percing, la bise entre garçons, etc... je ne sais pas jusqu'où on va comme ça, alors, pourquoi mon idée serait-elle plus répugnante ? Avec de la préparation, je crois que les mentalités pourraient acceptées ce genre de choses. Personne ne serait dans l'obligation de faire ce choix un jour... mais il serait permis, acceptés et compris par tout le monde pour que plus personne ne souffre de l'inquiétude de ces derniers moments ni du remords à prendre cette décision.
Je viens d'arrêter de fumer. Ce n'est pas la première fois. J'ai déjà arrêter de nombreuses fois.
Aujourd'hui, je suis non fumeur.
Mais je sais bien que je risque tout de même de me retrouver un jour avec un cancer et qu'avec les perspectives d'aujourd'hui... on me laissera agoniser sur un lit d'hôpital avec des tuyaux dans tous les sens et des appareils pour m'obliger à continuer de respirer, sans peut-être croiser mon regard qui supplierait de me laisser en finir. Alors, c'est quoi qui est le plus horrible ? De décider du jour de sa mort (dans ce genre de cas), ou bien d'attendre qu'une agonie lente et douloureuse ait raison de notre résistance corporelle ? Et la résistance psychologique ?... Par quelle solution pensez-vous qu'elle serait le moins "abîmée" ? Jusqu'où va le supportable ? Personnellement... je ne tiens pas à le savoir. La torture, c'est pas mon truc...Je pense très sérieusement, que certaines personnes pourraient être libérées avant l'heure, sans qu'on leur inflige ni à eux, ni à leur proche, le moindre reproche moral. Si vous, dans une situation telle que je viens de la décrire, voir pire, vous souhaitez souffrir jusqu'au bout, rien ne vous en empêchera... mais personnellement... j'ai choisi la pose de la péridurale à chacun de mes accouchements ! Et pourtant, la motivation était de donner naissance à une vie. Alors, si je dois souffrir en sachant que l'aboutissement sera de doute façon la mort... je pense que j'accepterai volontiers de trinquer une dernière fois avec le sourire, entourer de mes proches, sachant qu'on seraient tous psychologiquement prêts à vivre un départ... "vers l'azur" !
La mort : elle fait partie de la vie, non ? C'est une étape, elle aussi. Alors pourquoi il n'y a pas de préparation à sa confrontation ?
De nombreux tabous tombent, mais pas celui qui touche tout le monde.
Et si ça se trouve, le fait de savoir que l'euthanasie serait tolérée, ça me donnerait la pêche de survivre encore quelques temps supplémentaires lol...
Que penserai-je de ce que je viens d'écrire, le jour J ? Je ne le sais pas. On verra. Mais aujourd'hui, j'en ai écrit ça.
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