- L'esprit libre et curieux de l'homme est ce qui a le plus de prix au monde.
- Sous sa carapace de lâcheté, l'homme aspire à la bonté et veut être aimé. S'il prend le chemin du vice, c'est qu'il a cru prendre un raccourci qui le mènerait à l'amour.
- On peut être fier de n'importe quoi si c'est tout ce que l'on a.
- J'ai étudié les choses et je sais peut-être ce qu'elles sont, mais je suis bien loin de savoir pourquoi elles sont. Et tu ne dois pas t'attendre à rencontrer des gens qui comprennent ce qu'ils font.
- Et je veux te mettre en garde pour que tu ne sois pas surpris. D'abord, ils te mettront nu. Mais ils ne s'arrêteront pas là. Ils détruiront toute dignité en toi ; tu perdras ce que tu crois être ton droit imprescriptible : le droit de vivre seul, le droit à la décence. Ils te feront vivre et manger et dormir et chier avec d'autres hommes. Et, lorqu'ils t'auront habillé, tu ne pourras plus te distinguer des autres. Tu ne pourras même pas épingler un papier sur ta poitrine disant : "C'est moi. Je ne fais pas 'partie d'eux'. " [...] Après un temps, tes pensées ne diffèreront plus des pensées des autres.Tu ne connaîtras plus de mots que les autres ne prononcent pas. Et tu feras les choses parce que les autres le feront. Tu sentiras le danger contenu dans le non-conformisme, le danger que représentera pour toi l'existence d'une masse d'une seule pensée, d'une seule action. [...] Si tu ne te soumets pas, la machine te vomit et t'abandonne. Tu ne fais plus partie d'elle et pourtant tu n'es plus libre. [...] Une fois enrôlé, si tu ne cherches pas des éléments de comparaison défavorables, tu (y) trouveras [...] - lentement, sûrement - une raison, une logique et une effrayante beauté. [...] Il est certains hommes qui, ayant atteint le plus profond de la morne désagrégation que demande [(la machine)], s'avouent vaincus et perdent alors toute couleur. [...] Mais il y a ceux qui, ayant touché le fond, ayant perdu pied sous la couche de boue commune, remontent alors et se dépassent car ils se sont débarassés d'une petitesse faite de vanité et ils ont endossé la fierté d'un groupe. Si tu peux descendre aussi bas, tu monteras plus haut que tu ne peux le concevoir et tu connaîtras une joie sans égale, tu goûteras le plaisir d'une camaraderie qui vaut celle des anges dans le ciel. Alors seulement tu connaîtras les hommes, même s'ils ne forment qu'une masse. Mais pour savoir tout cela, il te faudra d'abord toucher le fond.
- On peut pousser un être humain aussi loin dans ses retranchements, mais je ne l'aurais pas fait. Il faut toujours laisser un moyen d'évasion à l'homme avant la mort. Rappelle-toi ceci ! Je ne voulais pas te pousser à bout, car je sentais que je t'avais fermé toutes les issues, sauf une.
- J'ai tant de choses à te dire que j'en oublierai la moitié, dit Cyrus. Je veux te dire qu'un [x(membre de la machine)x] doit abandonner bien des choses en échange de ce qu'il reçoit. Depuis le jour où il naît, l'homme, à travers chaque évènement, par chaque loi, chaque devoir ou droit, apprend à protéger sa vie. Il prend le départ avec cet instinct et tout vient le confirmer. Mais, lorsqu'il devient [x(membre de la machine)x], il doit apprendre à oublier - il doit apprendre à vivre en acceptant la mort.(*) Et sa raison ne doit pas chanceler. Si tu peux y arriver - attention, certains en sont incapables - tu auras acquis la plus grande des vertus. Ecoute, fils... (et sa voix se fit plus animée) la plupart des hommes ont peur. Ils ne savent pas quelle est la cause de leur peur - des ombres, des questions, des dangers sans nom et sans nombre, une peur de la mort anonyme. Si tu peux te hausser jusqu'à regarder en face, non des ombres, mais la mort(*), la vraie mort(*), la mort(*) telle que nous la connaissons, [...] alors tu n'auras plus peur, ou du moins plus comme avant. Tu auras droit à une place à part, tu seras l'homme en sécurité là où les autres hurlent de terreur. Voilà la grande récompense. Peut-être est-ce la seule. Peut-être est-ce la pureté dernière avec son anneau de saleté.
(*) J'écrirai un jour ce que je pense à propos de la mort. Elle n'est pas forcément physique. Il y a bien des façons pour notre être intérieur de mourir. C'est ainsi que l'on peut dire que si on veut, on peut vivre plusieurs vies en une seule. Quand on renaît de "ses propres cendres", qu'on "se suicide" (intellectuellement parlant) pour évoluer, changer, toujours plus haut pour prendre conscience de ce que l'on est au fond de nous ! Et je suis incapable d'en expliquer davantage, à l'instant, par des mots. Parfois, j'ai l'impression que de façon inconsciente, je cherche les personnes et les situations qui m'obligeront à tomber si bas qu'un jour ou l'autre je me redresserai autrement. Je ne suis pourtant pas folle ! Mais sans doute qu'au fond, j'aime l'effort et la réalisation de ... moi-même lol et que donc, je me créée presqu'exprès des problèmes à résoudre !
Notes personnelles :
- J'ai pris la liberté de substituer certains mots en citant le texte de ce livre. Car dans le livre, l'auteur met en garde son fils avant qu'il parte à l'armée et devienne soldat. Moi, je lis le texte, et ce que je vois à la place du mot armée, ça ressemble à "une machine humaine", à une foule, quelque soit l'objet du rassemblement des personnes qui la constitue, quelque soit leur but, leur objectif, leur image et la conscience qu'ils ont de former un tel groupe d'hommes.
- Ce livre a été le premier qui m'est fait prendre conscience de la nécessité de lire et du fait que je pouvais tirer une satisfaction de mes lectures. Il faut que je le re-lise : il y a un autre passage que je voudrais aussi citer, mais je n'ai pas noté la page et c'est vers les deux tiers de l'ouvrage si mon souvenir est bon O_o... ça faisait 17 ans que je n'avais plus ouvert ce livre !!! Comme quoi, il faut laisser le temps au temps ^_^ ! ... Je suis contente d'avoir à re-découvrir cet ouvrage aujourd'hui. Je veux le re-lire, ainsi que "Dune" de Frank Herbert.
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