Vivre et rester debout

Une autre question m'a été posée :
"Que feriez-vous s'il vous restait 24 heures à vivre ?"
Et j'ai répondu ceci :
"Ben, je ne les passerai pas à travailler en tout cas !
Je retournerai avec mes enfants sur les lieux que j'aime bien (bord de mer) et j'essaierai de leur transmettre la satisfaction que l'on a à contempler le paysage : la mer d'un côté, la montagne de l'autre et les mouettes dans le ciel bleu, la chaleur du soleil, le vent dans la figure. J'essaierai de leur donner des clés pour rester debout dans le restant de leur propre vie... Et je PLEURERAI en m'efforçant de leur sourire encore !"

La chanson de la vidéo ci-dessous, c'est pour le punch et le titre qu'elle a que je l'aime bien ^_^
NB : Zut, le lien est mort... Je le remplace par une autre vidéo qui a moins d'intérêt :-( (le 27/05/2010)...

Je veux compléter ma réponse.
Je pleurerai, ai-je donc répondu, parce que je n'ai pas le sentiment d'être en fin de vie en ce moment même. Et donc, j'ai des projets, il y a encore plein de choses que je veux vivre.
Mais je ne serai pas triste pour moi-même ! Je serai triste pour mes enfants parce qu'ils ne sont pas en âge de s'assumer seuls. Je serai triste parce que d'autres personnes que moi seraient amenés à leur apporter de l'éducation et que je ne participerai plus du tout à cela. Alors que ce que je veux justement, c'est leur transmettre tout ce qui m'a moi-même aidé à grandir ! Je ne veux pas partir avant ça !
Eduquer. Je vois ça comme mettre un tuteur dans la terre, à l'emplacement où on vient de planter une graine, et aussi, tout le temps que mettra la plante à germer et à s'élever, veiller à ce qu'elle reste le plus près possible du tuteur. Elle ne sera pas aussi perpendiculaire au sol que le tuteur ! Une telle chose, si elle se produisait, serait presque contre-nature. Le tuteur doit guider et soutenir la tige pendant qu'elle est fragile, mais la souplesse de la tige fait qu'elle ne sera jamais aussi droite que le tuteur et c'est bien mieux ainsi. Ce n'est pas un défaut : c'est du charme ;-) . Le tuteur est indispensable pour que la plante puisse s'élever correctement vers le haut avant que sa tige ne se raffermisse complètement.
Il est important, je trouve, qu'un enfant est pu prendre tout ce dont il avait besoin pour son éducation avant qu'il soit adulte. Car il y a des choses qui ne peuvent plus être corrigées, apprises, comprises, assimilées, ... ensuite. Quand le caractère est en place, allez donc essayer de modifier quelque-chose ! C'est comme la plante... si elle a poussée sans tuteur, la tige aura une allure bizarre, aux courbures irréparables, en rase motte.
Les repères sont importants dans l'enfance. Ils ne sont pas forcément apportés par les parents ou les proches. Il y a les relations amicales, les enseignants, et autres personnes rencontrées. Mais ces personnes ne se soucient pas toujours d'éduquer. Eduquer : ce n'est ni conseiller, ni enseigner. C'est plus que ça. C'est faire du tuteur un bâton de marche sculpté au plus proche de la bonne mesure de l'enfant, sur lequel il choisira ou non de s'appuyer tout le long de sa vie. Tantôt en s'y accrochant très fort, tantôt en rejetant le bâton. Certaines personnes capables d'autodiscipline très jeune peuvent créer leurs propres tuteurs. D'autres ne le feront pas. D'autres ont été attachés trop près du tuteur : ils ne peuvent plus faire sans et ont en plus des œillères qui ne leur permet pas d'adaptation en fonction des évènements ou des rencontres.
Je voudrais donc avoir suffisamment à VIVRE pour que si le tuteur que je suis, venait à être retiré à mes enfants, ils soient capables de RESTER DEBOUT malgré tout. S'ils sont trop accrochés au tuteur, ils tomberont ou seront arrachés en même temps que lui et ce ne sera pas bon pour eux.
Le temps que j'ai à VIVRE avec eux, je veux le passer à leur indiquer ce qui m'aide moi-même à RESTER DEBOUT pour que ça leur serve aussi à l'avenir. Mais je ne peux pas tout leur apprendre, il faut qu'ils forgent leurs propres armes et leur propres défenses. Je ne serai pas toujours là pour leur venir en aide. Il faut qu'ils sachent devenir indépendants.
Et qu'est-ce qui me maintient debout ?
Qu'est-ce que je veux leur faire comprendre ?
Qu'ils auront des épreuves à affronter dans leur vie. Elles seront plus ou moins difficiles à passer. Toutes leur apporteront une clé qu'ils devront découvrir et comprendre dans le but de l'exploiter de la meilleure façon possible en cas de besoin. Certaines des clés fournies au départ par l'éducation, peut-être qu'ils les abîmeront en route, qu'ils les perdront ou qu'ils oublieront à quoi elles servaient. Alors inutile de fournir un trousseau trop encombrant au départ, il vaut mieux enrichir progressivement le trousseau. Il faut commencer par ne fournir que ce que l'on croit essentiel. Le reste, il leur faudra peut-être le découvrir par eux-mêmes.
Alors j'écris dans ce blog, tout ce qui m'a servi de clé, comme un testament. Et je cherche à l'enrichir : pour moi, pour eux et pourquoi pas aussi pour d'autres !
Ils n’y trouveront pas les formules de politesse, mais : le code moral du judo, le mot de l'ancizn, le credo de l'espérance, des citations, ce qui m'a paru important dans mes lectures, vidéos, cd...
Ils y trouveront ce qui m'a aidé moi-même dans ma vie.
Et ce sera toujours incomplet !
C'est peut-être parce que depuis toute jeune j'ai été souvent confronté à l'idée de voir mourir quelqu'un, et donc de savoir que si ça arrivait, je ne pourrais plus rien partager avec cette personne, qui m'a mis ça dans la tête : "la mort fait partie de la vie" et "plus j'accepterai cette idée, plus je m'y préparerai, moins j'en aurai peur". Je pense en particulier à ma mère qui a eu de nombreux problèmes de santé et qui a été de nombreuses fois hospitalisée, plus ou moins longtemps. Et ce souvenir que j'ai quand on me disait que c'était peut-être la dernière fois que je la voyais, après une visite à l'hôpital. Et je ne sais pas combien de fois j'ai trempé mes oreillers à pleurer ! Et puis, même chose quand je revenais d'avoir passé des vacances chez mes grands-parents, une fois par an, à mille kms de chez moi. "C'est peut-être la dernière fois", me disait-on. Alors, profiter du temps qui passe, "Carpe Diem !", je sais le faire ! Je sais apprécier de passer du temps avec les personnes qui sont importantes pour moi, même si c'est pour ne rien faire de particulier, ni d'exceptionnel ! Et c'est en me répétant que "la mort fait partie de la vie", que "Carpe Diem ! Il faut profiter du temps présent", que j'en suis arrivée à avoir davantage peur de la solitude que de la mort elle-même.
L'idée de ma propre mort ne me fait pas plus peur que ça. Je n'ai bien sûr pas envie de "mourir avant l'heure" ! Je voudrai même vivre le plus longtemps possible dans la limite de ma propre espérance de longévité. Je serai frustrée d'entamer un compte à rebours de 24 heures parce que je n'aurai plus occasion de continuer ce que je fais déjà. Alors, je pleurerai en m'efforçant de sourire encore. Car sourire est une force. Celle de dire à la vie : tu es dure avec moi, mais ce que je suis, tu ne me l’enlèveras pas comme ça ! La joie de vivre, c'est un devoir parfois pénible à remplir et souvent je dois me forcer à la trouver au fond de moi. Ce n'est pas quelque-chose qui vient tout seul. C'est quelque-chose que dès le matin, je dois aller puiser au fond de mon "puits/moi". C'est en quelque sorte, comme le seau qui est accroché à la corde reliée à la poulie du puits. Un "rien" peu faire qu'à cause de son poids, le seau bascule et parte au fond du puits, déroulant toute la corde jusqu'au fond... Il y a même parfois des moments où l'attache de la corde à la poulie cède. La corde se retrouve alors elle aussi au fond du puits. Et là, on se sent vide, perdu pour de bon dans le désert. On est près d'un puits, mais incapable de puiser de l'eau. Et peu à peu, l'eau se retire car on ne s'en sert plus. L'eau, elle disparaît aussi au fond du puits... et le puits est à sec. Alors, la soif vient. Et on s'éloigne de ce puits devenu inutile à nos yeux, pour en chercher un qui serait plus généreux. Et on marche en plein désert, en pensant au Petit Prince ou à l'Alchimiste...
Ouf ! Cette galère est terminée ! (Cf. ma page Big Bang, vertiges... et Boomerang : foudroyants !)
Je ne cesse de dire à mes enfants que la vie est un combat... mais pas d'arts martiaux !! ^_^
Eux aussi, ils connaissent le dessin animé manga de "Dragon Ball". Et j'ai fait voir "Fruits Baskets" à mon aîné ; son frère est trop jeune encore pour s'y intéresser. Tous deux sont trop jeunes pour que je puisse leur expliquer tout ce que je veux (ça me rappelle aussi la mise en garde de Cyrus à son fils Cf. ma page A l'Est d'Eden).
Alors je rassemble mes idées sur ce blog. Adolescente, je le faisais dans un journal intime, plus tard j'ai tenté de créer deux-trois sites personnels... aujourd'hui, c'est ici que je leur laisserai un peu de moi. En espérant que si je venais à disparaître trop tôt ou trop vite, quelqu'un leur remette tout ça comme un héritage de ma part. Je ne suis pas riche ! Et je ne leur laisserai donc pas d'argent (pas beaucoup en tout cas ^o^). Mais ce que je crois, ce que je pense, ce que je suis, je veux qu'ils puissent le retrouver dans leurs souvenirs de moi ; que je sois encore avec eux physiquement ou pas ! Je suis persuadée au fond de moi que ce que je veux leur transmettre, ce qui m'a moi-même souvent aidé à tenir ou à me relever, ça peut les aider eux aussi, quelque soit leur âge et leur compréhension de tout cela.
J'ai un exemple concret à donner :
Mes enfants sont jeunes. Et c'est donc avec des dessins animés que je "débute" avec eux. Et le "top" pour ça, c'est "Dragon Ball". Ils ont déjà visionné deux fois les séries entièrement et me les réclament encore. Ca vous paraitra idiot jusque-là si vous ne connaissez pas ce dessin animé, ou partiellement seulement. Mais voilà la suite de mon exemple :
Mon plus jeune fils a eu des problèmes de santé l'été 2007. Il a été hospitalisé en urgence. On a été transféré dans un autre hôpital quand les médecins ont découvert une anomalie au niveau d'un rein. C'était une "pyélonéphrite atypique et complexe avec un gros abcès rénal sur un système double refluant et avec un gros diverticule à la vessie", m'ont dit les médecins (pour résumer). Nous sommes resté au total deux semaines à l'hôpital cet été 2007. Ensuite, il a fallu attendre que le rein se remette de l'infection. En novembre 2007, il a été opéré de tout ça et nous sommes restés à nouveau une semaine à l'hôpital.
Aujourd'hui tout va bien ! Je ne raconte pas ça pour inquiéter quelqu'un ni pour tirer quelques larmes à un lecteur. Non !
Je raconte pour en venir à ce qui suit :
- j'ai été bien contente moi-même à ces périodes-là de repenser à tout ce que j'avais déjà noté dans mon blog. Ca m'a beaucoup aidé.
- j'ai été bien contente pour mon fils qu'il ait compris, à son niveau, le dessin animé de "Dragon Ball".
Pourquoi ?
Parce que quand il devait passer un examen médical difficile (ponction lombaire pour vérifier que la forte fièvre n'était pas du à une méningite, cystographies pour constater s'il y a reflux de la vessie vers le rein, etc...), je lui demandais simplement de s'y préparer en faisant appel à la force universelle, et si vous vous ne comprenez pas de quoi il s'agit, lui, en un éclair de temps, il savait ce que je lui demandais et savait pratiquer aussitôt !Il comprenait de quoi je parlais et je savais qu'il comprenait aussi que c'était "ça" qu'il lui fallait pour lutter, sur le moment, avec "son combat" du moment. Je n'avais pas besoin de me creuser la tête en me demandant comment faire pour qu'en deux temps et trois paroles il puisse se préparer à ce qui l'attendait. C'était tout de suite qu'il fallait y aller ! Ca n'aurait pas fonctionné si j'avais été obligé dans un laps de temps très court de lui expliquer tout d'un coup comment s'y prendre pour avoir la force d'affronter l'évènement !
Alors qu'une simple image à raviver dans son esprit... ! Et en un éclair de temps, il comprenait ce qu'il fallait : pour lui. Il comprenait tout de suite ce que je voulais lui dire pour l'aider. Et qu'est-ce que ça a pu me rassurer de constater que ça fonctionnait aussi facilement ! C’était bien mieux qu'un long discours de conseils à deux balles et que des grimaces d'inquiétudes ! Ce que je crois fermement, c'est que tout le temps de notre existence, il faut se préparer à affronter "le pire". Il faut tout le temps chercher à récolter des "clés". Même si on ne sait pas à quoi elles serviront au juste, même si on ne sait pas comment on devra s'en servir, même si certaines ne serviront jamais... peu importe !
"Prépare-toi au pire. Espère le meilleur. Et prend ce qui vient !"
Le fait est que quand "le pire" arrive, quel qu'il soit, c'est trop tard pour s'y préparer ! J'en suis convaincu. Et donc je cherche constamment, dans tout et n'importe quoi..., des "clés" à transmettre dès maintenant à mes enfants, et aussi à moi-même.
Je veux qu'ils sachent, si la vie leur porte un coup dur, s'ils se retrouvent à plier un genou sur le sol, l'échine courbée à se tordre les tripes de douleur ; je veux qu'ils sachent qu'il leur faudra fermer les poings pour s'appuyer avec sur le sol, qu'ils devront relever la tête et les épaules, fixer leur regard droit devant eux le plus loin possible à l'horizon et se relever, bomber le torse, inspirer profondément, et se remettre en marche, sans haine (Cf. dessin animé manga "La Princesse Mononoké"), avec la conviction qu'au prochain coup dur du même genre, ils ne se courberont plus aussi bas.
Voilà.
Alors, même s'il me restait 24 heures à vivre seulement, je ferai comme si c'était dimanche : je partagerai mon temps avec mes enfants comme je le fais déjà aujourd'hui. Je sourirai pour leur rappeler qu'à tout moment de la vie, il faut RESTER DEBOUT dans sa tête. Et je pleurerai parce que je ne pourrai plus participer à ce "jeu de chasse aux trésors", je ne pourrai plus trouver de nouvelles "clés" ! Il leur faudra se contenter de celles que je leur aurais déjà transmises, par ma présence passée et par ce blog que je veux leur construire... au fil du temps.
Aujourd'hui, je peux dire que :
- je m'aime (et oui, c'est important ça aussi... et il est arrivé que ce ne soit pas le cas)
- j'aime ma vie (ça n'a pas toujours été le cas)
- j'aime les épreuves que j'ai traversées et les personnes que j'ai rencontrées
- et surtout j'aime mes enfants et je veux passer au moins une grosse partie de ma vie à les aider à VIVRE et à RESTER DEBOUT Cf. ma note à propos de " Croire à ce qu'on a choisi
Notes :
- En fait, s'il ne me restait que 24 heures à vivre, la seule chose que je ferai en plus par rapport à un week-end "normal", c'est que je pleurerai. Le reste, je le fais déjà : je vis et je reste debout.
- Depuis que je suis adolescente, je me suis rendue compte que ce n'est que lorsque je "me" cherche ou que je cherche des "clés" que j'ai la pêche ! Alors je vais continuer... Pour tout ça et encore d'autres choses !

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